La Schueberfouer: fête foraine luxembourgeoise et internationale
Par Steve Kayser, historien
Fondée comme marché annuel médiéval de la Ville de Luxembourg, la Schueberfouer se tient aujourd’hui fin août au début septembre sur le Glacis près du quartier résidentiel du Limpertsberg. L’organisation incombe à l’Office des fêtes, foires et marchés de l’administration communale de la Ville de Luxembourg. C’est l’évènement le plus grand du pays et de la Grande Région. Pendant vingt jours, environ deux millions de visiteurs venus de tous les coins de l’Europe visitent la fête. Le champ de foire accueille au-delà de deux cents forains et marchands, qui eux-aussi viennent de tous les coins de l’Europe et même au-delà.
Mais la Schueberfouer est avant tout une tradition. A l’occasion de son ouverture et du Fouersonndeg, qui est en même temps le dimanche de kermesse de la ville, la mélodie joyeuse et entraînante de la Marche des Moutons, la Hämmelsmarsch, emplit le Glacis. Elle est portée par les musiciens de la fanfare municipale vêtus de la casquette bleue, de la veste bleue et d’une écharpe rouge du berger. Autour d’eux un troupeau de moutons envahit les allées de la foire.
Cette coutume est partagée depuis 1919 par tous les villages du pays à l’occasion de leur kermesse locale. Les origines semblent en rapport avec la Schueberfouer et plus précisément la société de tir de la capitale, la Confrérie Saint-Sébastien. Jadis celle-ci organisait chaque année un concours de tir sur la foire. Le premier prix était un mouton. La marche proprement dite semble cependant déjà avoir fait son apparition à la fête avant la date de la création de la confrérie en avril 1402.
L’acte fondateur médiéval dans son contexte européen
Au 13e siècle les seigneurs locaux entendent organiser un grand marché sur le territoire de la ville de Luxembourg. En 1298 Henri VII initie un marché de six semaines à la fin du printemps. Mais son projet échoue. Au cours du 14e siècle une nouvelle route commerciale commence à prendre de l’importance : la route lombarde. En provenance de l’Italie via Strasbourg, les caravanes de marchands traversent le Luxembourg pour gagner ensuite les Flandres. Le 20 octobre 1340 Jean, roi de Bohême et comte de Luxembourg, encore appelé Jean l’Aveugle, lance un marché annuel pour la ville de Luxembourg. La charte fondatrice en fixe le début à la veille de la Saint-Barthélémy. Sa durée s’étend du 23 août à midi au 31 août à midi. La date est bien choisie. La foire s’inscrit dans le cycle agraire et le cycle régional des foires et marchés.
Le premier site était idéal: proche des deux places de marché au coeur de la ville médiévale, ainsi que des quartiers des artisans et des commerçants, la foire se tient à l’extérieur des murs près du cloître sur le plateau du Saint-Esprit au lieu appelé Scadeburch. Ainsi les gens parlent de la foire de Scadeburch. L’évolution sémantique en fait la Schobermesse et en luxembourgeois Schuebermëss ou Schueberfouer.
La charte fondatrice définit en partie aussi le règlement et l’organisation du marché en s’appuyant sur les pratiques commerciales courantes à l’époque. Ainsi pendant toute la durée de la foire, ainsi que les huit jours précédant et suivant, les commerçants jouissent d’un certain nombre de privilèges. Contre paiement d’une redevance ils sont exempts de taxes et d’impôts. En plus Jean l’Aveugle leur garantit sa protection.
Dès le début, les corporations de métiers locales sont étroitement associées au marché annuel. Le tissu luxembourgeois est particulièrement apprécié comme produit de qualité. Le seigneur local cherche à protéger et à soutenir la production locale. La corporation des tisserands est autorisée à décider du droit d’aune. Rien d’étonnant à ce que jusqu’au 18e siècle, le maistre de la foire soit issu de ses rangs.
A l’heure actuelle les sources d’archives ne nous permettent pas de conclure sur la présence de commerçants venus de très loin sur la Schueberfouer avant 1600. La clientèle ne se recrute pas dans un large public. Elle est faite de gens provenant de la noblesse, du clergé ou de la haute bourgeoisie. Il nous est impossible de retracer la configuration du marché dans sa phase initiale. Mais par analogie avec d’autres cas de ce genre, il est probable qu’ici comme ailleurs saltimbanques, amuseurs, montreurs d’ours contribuent à porter la culture populaire du divertissement de champ de foire en champ de foire.
Le succès, le déménagement et le déclin de la foire commerciale
Entre la fin du 14e et le début du 16e siècle le nombre des points de vente varie en fonction de la conjoncture économique et du contexte historique. Un maximum est atteint en 1448 : trois cent soixante-douze places sont distribuées. En 1452 les livres du Duché ne mentionnent que soixante-douze ! Après 1480 nous dénombrons entre cent cinquante et deux cents stands en moyenne.
A la fin du 16e et au cours du 17e siècle un marché de bestiaux avec des bœufs et des cochons, plus tard aussi des moutons et des chèvres, se développe : le Marché de la Saint-Barthélémy, le Bartelméismaart en luxembourgeois.
À cette époque, la Schueberfouer connaît un important rayonnement transrégional. Pendant trois siècles elle reste attachée à son site d’origine sur le Plateau du Saint-Esprit. Par la suite, le plateau du Saint-Esprit s’avère trop exigu pour accueillir la foire et finit par être inclus dans la forteresse. La Schueberfouer doit déménager. En 1610 c’est chose accomplie. Les stands et baraques foraines s’implantent sur les champs en principe moissonnés du Limpertsberg devant les lignes défensives, à savoir les fortifications et le glacis stratégique.
Les produits du tissu, les étoffes, les laines et tout ce qui va avec le métier du tisserand restent bien représentés. Désormais des articles de poterie, de vaisselle et de quincaillerie, des poêles, des bijoux et du verre s’étalent le long d’une zone touchant à l’actuelle Allée Scheffer. La traite du bétail pendant le Bartelméismaart gagne en volume. Divers jeux et festivités entretiennent le divertissement et les plaisirs les plus variés.
Aux 17e et 18e siècles le marché annuel perd de son importance. C’est ainsi que les divertissements, comme les numéros artistiques, les théâtres forains et les exhibitions de curiosités, prennent lentement le dessus sur la Schueberfouer. Pendant la Révolution française, le Luxembourg est absorbé dans le Département des Forêts. La chaubremesse doit sa survie à la ténacité des commerçants autochtones, qui défendent vaillamment leurs intérêts au sein de l’administration municipale. Au début du 19e siècle le déclin économique de la foire commerciale est indubitable.
Un évènement patriotique et son évolution en foire attractive
La foire annuelle reste profondément attachée à l’histoire de la ville et du pays constitué en Grand-Duché de Luxembourg dans le contexte du Congrès de Vienne de 1815. Une conscience nationale et une culture luxembourgeoise voient le jour.
Pendant la première moitié du 19e siècle la Schueberfouer traverse une de ses périodes les plus sombres. Après 1823 le nombre des forains et des marchands chute sensiblement. Les recettes s’effondrent. La tenue de la foire gêne les activités des moissons. Le site au Limpertsberg est sérieusement remis en question. Les voix réclamant un déménagement de la foire sur l’actuelle Place Guillaume au centre-ville se font entendre. En 1849 la crise est surmontée.
L’administration municipale constate alors que la fréquentation augmente de façon considérable. Mais l’avenir du site semble définitivement compromis. À la fin du 19e siècle le démantèlement de la forteresse entraîne la construction des espaces non-bâtis du Limpertsberg. L’implantation du marché annuel se heurte à de plus en plus d’obstacles. Entre 1891 et 1892 laSchueberfouer prend sa place sur le lieu appelé dorénavant le Glacis. Depuis 1895 un règlement communal fixe le déroulement de la foire.
En gros l’ambiance de la foire a changé. Pendant longtemps vaste aire commerciale, elle s’est muée en une grande fête populaire, lieu de rencontres de toutes les couches sociales. L’association au sentiment national naissant fait de la foire une fête emblématique composante essentielle de l’identité luxembourgeoise.
Aux alentours de 1840 toutes sortes d’amusements sont offerts au public. Ainsi de téméraires grimpeurs sont invités à conquérir la couronne truffée de cadeaux d’un tronc d’arbre soigneusement savonné. L’industrialisation va changer l’apparence du marché annuel. La baisse de la production agricole explique le déclin du commerce avec les bestiaux. Certains des grands magasins, comme le Bazar Champagne, ouvrent une succursale sur le Glacis. Des trains font des courses spéciales pour amener les visiteurs à la foire. Cependant les gens profitent de plus en plus de l’offre grandissante des commerces particuliers sédentaires et des grands magasins en ville. La Schueberfouer n’est plus une foire commerciale.
Ainsi est né le champ de foire contemporain. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, les premiers carrousels et les balançoires vont faire apparition. Des panoramas, des bonimenteurs qui s’accompagnent de leur orgue de barbarie, comme la fameuse Seckbach, des entresorts animés par des saltimbanques, des acrobates, des hercules ou des magiciens, des exhibitions de curiosités et de phénomènes sont les attractions qui plaisent. Ils sont l’expression d’une culture populaire de plus en plus prononcée. En 1897 le cinématographe conquiert le champ de foire au Glacis. Ce métier jouit d’un succès ininterrompu et incontesté jusqu’à l’apparition des premières salles de cinéma en 1908. À tel point que pendant plusieurs années deux établissements de ce genre séjournent à la Schueberfouer.
Après 1900 les restaurants et les brasseries de foire se multiplient. Quelques-uns des restaurateurs notables s’implantent sur le champ du Glacis avec leur succursale. De la tête de veau, en passant par la langue de bœuf, les saucisses de Francfort aux poissons frits de la Moselle, l’offre culinaire en réserve pour tous les goûts. La première mention du merlan frit, le Fouerfësch, date de 1904.
Autour du champ de foire des cafés et des brasseries, comme le Westeschgaart, le Biweschgaart ou la Flesch, fleurissent. Souvent il arrive que des projections de films s’y font, ce qui ne tarde pas à fâcher les forains. Entre 1886 et 1889 une salle de spectacles, le Cirque Renquin, situé à deux pas du champ de foire propose à environ deux mille spectateurs un riche programme de variétés artistiques et acrobatiques.
En marge de la foire, des cirques viennent s’installer pendant une semaine. Ils prennent leurs quartiers sur le Glacis inférieur, appelé Schofsmart. En 1906 William Cody séjourne à Luxembourg avec son monumental spectacle ethnique en tournée européenne, le Buffalo Bill Wild West Show. Vu le manque de place, il est placé à Merl.
Sur la Schueberfouer, les baraques de lutte, comme le Boxing Palace de Roose sont particulièrement, appréciées par le public. Cependant jusqu’au début de la Grande Guerre, ce sont les manèges mécaniques qui vont prendre très rapidement le dessus. En 1910, un an seulement après la première d’un manège du type rollercoaster (en bois) sur les fêtes foraines en Europe, l’ingénieur allemand, Hugo Haase, encore surnommé le Roi des forains, présente avec le grand huit Figur-8-Bahn, le premier métier à rail à Luxembourg. L’âge des industriels-forains vient de commencer.
Une foire attractive moderne et la tradition du marché annuel
Avec la Première Guerre mondiale et pendant cinq longues années, la Schueberfouer n’a pas lieu. Ceci dit la guerre franco-prussienne avait déjà suspendu la tenue de la foire en 1870! Le cortège du Hämmelsmarsch au dimanche de la kermesse et un restant de marché de bétail au lundi sont les modestes résidus des temps de paix. Aux années vingt, la Schueberfouer accueille de nombreux manèges connus et fréquentés. Les cinématographes se font rares maintenant. C’est l’époque des brasseries du Limpertsberg et de Monsieur Georges Weyer, appelé encore De klenge Georgely. De petite taille, 85 cm, accompagné de son orgue de barbarie, il s’inscrit désormais dans le folklore de la foire.
Pendant les années trente des entresorts, variétés, exhibitions de phénomènes, musées anatomiques ou même spectacles ethniques, sans oublier les baraques de lutte continuent d’attirer du monde. En même temps le tobboggan, les balançoires, le grand huit, les balançoires russes, ancêtres des grandes roues, mais surtout les manèges circulaires, les tournants, tels que la Raketenfahrt et la Chenille connaissent un succès fou. Ceci dit la grande nouveauté est l’apparition des autos tamponneuses, les auto-scooters importés des Etats-Unis. Les emplacements sont à louer aux enchères et attribués par une commission. Aux forains luxembourgeois majoritaires, se joignent des Allemands, Belges et Français.
Quand le 1er septembre 1939 la Seconde Guerre mondiale se déchaîne, la Schueberfouer est interrompue. Dès le 10 mai 1940 les armées allemandes occupent le Luxembourg. Cette année-là il n’y a pas de foire. Au cours de l’occupation les nazis tentent de la germaniser. Néanmoins la volonté d’indépendance de la population opprimée s’impose. Du 22 au 27 août le Cirque Busch de Berlin est de passage à Luxembourg. La résistance certes encore embryonnaire incite « tout fidèle Luxembourgeois » à se tenir loin de la Schobermesse et du cirque. Le 21 août la direction Busch reçoit une lettre de menace l’exhortant à partir. Trois jours plus tard la tente est repliée et les convois reprennent la route vers le Reich. En gros la Schueberfouer reste marquée par la guerre. Le 30 août 1942, le Fouersonndeg, le Chef de l’administration civile, le Gauleiter Gustav Simon proclame l’incorporation forcée de larges parts de la jeunesse luxembourgeoise dans les armées allemandes. Le lendemain une vague de manifestions anti-allemandes, voire même des mouvements de grève secouent le pays. En 1944 l’avancée alliée est telle que la libération est imminente. La foire n’a pas lieu.
Dans l’après-guerre la fête est modeste marquée par la pénurie générale. Néanmoins elle reprend dès 1945. Ses couleurs sont clairement patriotiques. Elle le miroir de son temps. Il faut attendre le milieu des années cinquante pour voir réapparaître des forains étrangers et de grands manèges sur le champ du Glacis. Par ailleurs c’est au cours de cette décennie où l’évolution technologique en matière de pneumatique et le recours à l’acier dans la construction des manèges se met en route. Ainsi se produisent des métiers de plus en plus imposants, comme les avions, le Sputnik, la grande roue panoramique, le train fantôme Orient Express. Le mur de la mort, les exhibitions et variétés restent à la mode. Un Centre d’Accueil des Forains voit le jour. Cette garderie permet de prendre en charge les enfants de forains pendant la journée. Véritable institution elle va contribuer durablement à l’intégration européenne au sein du monde forain.
Aux années soixante, la foire connaît une croissance en flèche. Les articles de presse véhiculent alors le leitmotiv de l’évènement imbu de traditions. On parle de la foire en tant que « aimant le plus puissant à l’intérieur du cycle annuel des fêtes laïques ». Les festivités du millénaire en 1963 ont certainement impacté la Schueberfouer: l’idée d’un programme d’évènements culturels encadrant la fête foraine voit le jour. Au milieu des années soixante entre cent vingt et cent trente emplacements sont attribués. Les journaux évoquent même une « Oktoberfest miniature ». Le nombre d’établissements gastronomiques et notamment des baraques à frites, les Frittebuden, augmente considérablement. Dès 1966 des artistes luxembourgeois se voient confier le soin de créer les portails d’entrée. L’ouverture s’accompagne d’un bal.
De nouveaux manèges font apparition. Le Rotor, le Squaw Valley, les Avalanches, le Skilift, le Hully Gully, le Calypso, le Shakers ou le Bayern Kurve en rajoutent à l’attrait du champ de foire. Ainsi en 1965, l’inauguration du grand huit familial Super Railway d’Emile Lapp marque l’histoire de la Schueberfouer. Ce bolide en acier construit en Italie sous la direction de Schwarzkopf est révolutionnaire. D’abord parce que c’est un monorail qui atteint une vitesse pour l’époque vertigineuse sur un manège, à savoir 90 km/ ! Puis ses dimensions sont inouïes : 56 mètres sur 17 de surface à la base, 14 mètres de hauteur, 720 mètres de rails, 120 tonnes ! C’est le plus grand métier d’Europe en son genre. Racheté au milieu des années quatre-vingt par William Bouvier, le Super Railway se produit presque sans interruption jusqu’en 2007 sous la direction Bouvier-Paillet.
Au cours des années soixante-dix, le succès de la Schueberfouer s’amplifie davantage. Le Comité des festivités de la Schueberfouer voit le jour. Ici déjà bien avant le coup d’envoi au Glacis, des forains européens et des représentants des services de la ville s’occupent à définir un programme cadre autour de la foire. Une messe célébrée dans la chapelle du Glacis le dernier vendredi de la foire, l’invitation d’enfants défavorisés, une journée familiale, une journée populaire et un feu d’artifice pour clôturer la fête voient le jour. Le moment est venu pour l’organisateur de complètement revoir l’aspect du champ de foire. On déplace tout.
Dès 1972 le Glacis inférieur est intégré dans les plans et porte pendant de longues années essentiellement les nouveautés et manèges à sensation dernier cri. C’est aussi l’entrée sur scène de la nouvelle grande roue Jupiter 4 de Louis Kallenkoot qui avec ses 45 mètres de hauteur, compte pendant deux décennies parmi les hautes à voyager en Europe. Avec le Super Railway elle constitue le point d’attrait optique si caractéristique de la Schueberfouer. Milieu des années soixante-dix le champ du Glacis est doté d’infrastructures modernes. Dès à présent et le Glacis supérieur et le Glacis inférieur accueillent des métiers forains.
Le 24 août 1976 le dernier marché de bétail, le Bartelméismaart a lieu. Seuls les noms de Paerdsmart, marché de chevaux au Glacis supérieur, et de Schofsmart, marché de moutons au Glacis inférieur, nous rappellent cette activité.
Au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix la place change à nouveau de portrait. Des travaux importants sur le Boulevard de la Foire et le Rond-Point-Schuman réduisent sensiblement la surface disponible. Ensuite les lieux sont adaptés aux plus hautes normes de sécurité. Enfin les le matériel roulant, les camions et les caravanes quittent à quelques exceptions près le champ de foire. Malgré tous ces changements, l’esthétique de la foire et l’offre en divertissements sont maintenues.
Dès 1995 la majestueuse grande roue Bellevue de la famille Bruch trône au-dessus du champ de foire. Dès lors commence l’ère des imposantes tours freefall et des voltigeurs géants, sans oublier le succès incontesté des boîtes à rire telles que le One Man Show. La Schueberfouer est plus que compétitive au niveau européen. L’Enterprise suivie du Take Off de la famille Schmit et le légendaire Der Fliegende Teppich de la famille Dieudonné comptent parmi les incontournables. Des forains innovateurs comme les Bouvier-Paillet, les Kopp et les Ludewigt introduisent des manèges de plus en plus grands, rapides et hauts au Glacis. Du Ranger, Rainbow, Flipper, Top Spin, See Sturm Bahn, Magic, Black Hole, Pieuvre, Mega Blitz, King, Höllenblitz, Drop’n Shot, Power Tower, Chaos, XXL, Hangover et maints autres encore tous constructeurs confondus, tous types confondus, toutes nations confondues se sont produits et se produisent toujours au Glacis. Ici pratiquement toutes les familles foraines d’Europe sont au rendez-vous.
La Schueberfouer, tradition luxembourgeoise au caractère européen
Au cours des siècles la Schueberfouer s’inscrit dans les us et coutumes du Luxembourg. Depuis 1895 au moins, son déroulement s’oriente selon deux dates-clés. Le début reste historiquement attaché au 24 août, fête de la Saint-Barthélémy.
Dans la langue luxembourgeoise le dimanche de kermesse est encore appelé Schuebersonndeg ou Fouersonndeg. La mascotte Lämmy témoigne de la tradition du Hämmelsmarsch. De nouvelles coutumes voient le jour. Ainsi depuis le 19e siècle il y a une Journée des Bourgeois, le Biergerdag et un Dimanche des paysans, le Bauresonndeg. Depuis 1929 les commerçants de la capitale organisent une braderie, la Stader Braderie.
Depuis 1995 un logo officiel représente l’identité de l’évènement. Désormais la dénomination Schueberfouer est protégée. Suivant la deuxième strophe du texte du Hämmelsmarsch signé Lentz, le Luxembourgeois, même s’il est loin de sa patrie, se sent magiquement attiré par sa foire. Il en va ainsi pour la communauté des Luxembourgeois émigrés aux Etats-Unis. De 1904 à 1967 et depuis 2001 la Luxembourg Brotherhood in America célèbre la Schueberfouer à Rogers Park près de Chicago.
Inscrite sur la liste nationale du patrimoine culturel national la Schueberfouer a évolué en une fête populaire à caractère européen. Elle se range parmi les six meilleures foires en Europe. L’ambiance multiculturelle est mise en évidence. Des évènements de ce genre font partie depuis longtemps du patrimoine culturel européen. Ils reflètent l’image et l’attitude d’une société démocratique et libre.
Au long de son histoire escarpée la foire s’est toujours adaptée au contexte socio-économique. Aujourd’hui l’Allée Scheffer nous rappelle ses origines de foire commerciale. Le succès de la Schueberfouer s’explique cependant par son site au Glacis. Le montage et le démontage sont vécus de prés avec tous leurs effets positifs et négatifs. Le village de coulisses et ses gens se fondent quasiment dans le quartier résidentiel du Limpertsberg. Ainsi est née une étrange symbiose.
Depuis 1340 la foire a dû déménager à trois reprises. Les noms actuels de la Rue Jean l’Aveugle et de la Rue Henri VII ne sont pas seulement un clin d’œil à la fondation du marché annuel, mais aussi au site sur les champs du Limpertsberg. L’implantation sur le Glacis a engendré un lien très fort entre la Schueberfouer et la mémoire collective: entre les gens et leur foire, entre la foire et ses gens.
Comments